Les inquiétudes concernant l’utilisation et le suivi des données personnelles s’intensifient, en partie en raison de la surveillance accrue de la pandémie de COVID-19 de la part des gouvernements et des entreprises de technologie. Pour mieux comprendre les perceptions des consommateurs de la protection des données personnelles au Canada, Capterra a mené une étude auprès de 756 Canadiens, dont 165 d’entre eux résident au Québec.

Ce dont nous allons parler
- Qu’est-ce que l’identification biométrique?
- À quelle fréquence les Canadiens utilisent-ils les données biométriques?
- La pandémie a-t-elle eu un impact sur l’utilisation de la biométrie?
- Les Québécois se sentent-ils à l’aise à l’idée de partager des informations personnelles?
- Quelles sont les inquiétudes des Canadiens concernant la protection des données personnelles?
- Considérations
Avec l’arrivée de la pandémie de COVID-19, les gouvernements et les entreprises de technologie locaux ont créé des solutions telles que Alerte COVID pour surveiller et suivre les symptômes et emplacements des citoyens. La pandémie a également accéléré l’intégration d’autres processus digitaux ainsi que des méthodes d’authentification multifacteur telles que la biométrie pour protéger les informations sensibles et éviter qu’elles ne tombent entre de mauvaises mains.
Pour comprendre comment les méthodes d’authentification multifacteur ont été mises en œuvre et comment les Canadiens sont disposés à s’en servir, nous avons interrogé plus de 756 consommateurs résidant au Canada ayant réalisé au moins une activité numérique au cours de l’an passé. Vous trouverez la méthodologie complète au bas de cet article. Dans le premier article de cette série en deux volets, nous allons nous pencher sur l’utilisation de la technologie biométrique.
Qu’est-ce que l’identification biométrique?
De la même façon que les individus peuvent être identifiés par leur apparence physique, la technologie biométrique permet d’identifier les utilisateurs selon certaines caractéristiques physiques ou comportementales.

L’ authentification biométrique (ici définie en anglais) peut être utilisée pour protéger les données personnelles et réduire les risques de fraude et de cybercrimes en demandant aux utilisateurs de valider leur identité à l’aide de leurs caractéristiques personnelles. Les données biométriques telles que la structure faciale ou le balayage de la rétine sont extrêmement difficiles à reproduire.
En raison de la nature immuable et personnelle des données biométriques, cette méthode d’authentification est utilisée par les entités gouvernementales pour contrôler les passeports et octroyer des permis. De nos jours, le secteur privé a également commencé à adopter cette technologie, comme la lecture d’empreinte digitale pour déverrouiller un téléphone intelligent.
À quelle fréquence les Canadiens utilisent-ils les données biométriques?
Plus de la moitié des consommateurs interrogés résidant au Québec (59 %) s’identifient régulièrement à l’aide de leur empreinte digitale. Près d’un tiers (35 %) d’entre eux font également appel à des méthodes de reconnaissance faciale de façon courante. Étant donné que ces deux méthodes sont de plus en plus souvent implémentées sur les téléphones intelligents modernes, il est logique qu’il s’agisse des processus biométriques les plus couramment utilisés.
Un quart des personnes interrogées au Québec (25 %) a révélé n’utiliser aucun des marqueurs biométriques mentionnés dans notre enquête.

On peut se demander pourquoi les autres marqueurs biométriques ont moins le vent en poupe que la reconnaissance faciale et digitale. Les téléphones intelligents constituent l’appareil le plus utilisé par les Québécois interrogés : 56 % d’entre eux ont recours à la biométrie avec une un appareil Android et 45 % avec un appareil iOS. On peut également collecter des données biométriques via ordinateur; seules 14 % des personnes interrogées au Québec utilisent des machines Windows et 13 % des ordinateurs portables MacOS.
Les raisons pour lesquelles les consommateurs adoptent la biométrie sont nombreuses. En cas de vol de l’appareil, la biométrie apporte une certaine tranquillité d’esprit: les utilisateurs savent que les voleurs ne pourront pas accéder à leur compte bancaire ou à d’autres informations personnelles. Voici quelques-unes des raisons les plus courantes fournies par les utilisateurs québécois de biométrie :
- 71 % d’entre eux s’en servent pour déverrouiller des applications et des appareils.
- 35 % s’en servent pour réaliser des opérations financières
- 22 % s’en servent pour réaliser des achats
La pandémie a-t-elle eu un impact sur l’utilisation de la biométrie?
La pandémie de COVID-19 a clairement eu un impact sur l’utilisation de la biométrie. Quand nous avons interrogé les utilisateurs canadiens sur la période à laquelle ils ont commencé à utiliser la biométrie, 14 % des utilisateurs de biométrie disent avoir commencé après la pandémie. Il en est de même pour 14 % des utilisateurs ayant recours au balayage des empreintes digitales. Avec l’augmentation du temps passé sur les applications mobiles, l’utilisation de la biométrie est une tendance qui ne partira pas de si tôt.
Malgré l’augmentation de l’utilisation de la biométrie, certains Canadiens continuent de se méfier des processus nécessitant des informations personnelles pour fonctionner. Par exemple, 41 % des personnes interrogées n’ont jamais utilisé de certificat de preuve de vaccination et 20 % ne s’en servent plus. Si la majorité de ces répondants qui ne s’en servent pas ou plus explique que le besoin ne s’en fait pas ressentir, 14 % refusent d’utiliser des applications de preuve de vaccination car ils ne sont pas sûrs de l’utilisation qui sera faite de leurs données.

Les personnes interrogées au Québec sont un peu plus disposées à utiliser le passeport vaccinal. Seulement 30 % d’entre elles disent ne jamais s’en être servi. 52 % des Québécois interrogés utilisent toujours cette application, contre 39 % des Canadiens. La disposition des Québécois à partager leurs données de santé liées à la COVID-19 peut être due au système de passeport de santé numérique, VaxiCode, qui n’a pas été adopté par toutes les provinces.
Si l’utilisation de la biométrie est en hausse, de nombreux consommateurs canadiens s’inquiètent encore de la protection de leurs données personnelles. Avec la COVID-19, des institutions chargées de la conservation des données, comme les services du gouvernement fédéral, sont vulnérables à des cyberattaques. 66 % des personnes interrogées résidant au Québec se disent plus inquiètes du piratage de leurs données personnelles depuis le début de la pandémie. 27 % d’entre elles se sentent « beaucoup plus inquiètes » et 39 % « un peu plus inquiètes ».
Les Québécois se sentent-ils à l’aise à l’idée de partager des informations personnelles?
La plupart des Québécois interrogés (42 %) se sentent à l’aise à l’idée de partager des informations telles que leur nom, leur date de naissance et leur adresse avec des entreprises privées. 41 % d’entre eux acceptent également de partager des données plus sensibles telles que des informations relatives à leur santé ou leur profil génétique. Cependant, cela change de manière significative quand il s’agit de partager des données biométriques avec des entreprises privées : seulement 25 % des consommateurs québécois interrogés accepteraient de le faire.

La plupart des participants québécois (55 %) ont indiqué qu’ils ne seraient disposés à partager des données personnelles que dans certaines circonstances. Voici leurs conditions :
- 63 % d’entre eux veulent savoir exactement comment leurs informations seront utilisées.
- 47 % veulent savoir exactement comment leurs informations ont été collectées.
- 33 % veulent que leurs données soient exclusivement traitées de façon agrégée.
Sans compter ces participants, 27 % des personnes interrogées n’accepteraient de partager aucune information personnelle avec des institutions privées ou publiques, et ce, dans quelque circonstance que ce soit. Seulement 13 % accepteraient de partager leurs données sans aucune condition particulière.
Quelles sont les inquiétudes des Canadiens concernant la protection des données personnelles?
L’utilisation abusive des données biométriques par Clearview AI a érodé la confiance des Canadiens envers ce type de processus. En effet, des balayages de reconnaissance faciale avaient été réalisés sans consentement des individus, et ce dans le but de participer au travail de la police.
Le vol d’identité reste l’une des préoccupations majeures et a été cité par la moitié (50 %) des participants. Près de la moitié des personnes interrogées (49 %) s’inquiètent aussi de l’utilisation abusive de leurs données biométriques. 45 % ont peur que la technologie biométrique puisse nuire à la protection de la vie privée.
Malgré le volume élevé de consommateurs inquiets, la majorité des participants nationaux (54 %) à l’enquête ignoraient que ces données pouvaient être partagées avec d’autres entreprises, selon l’accord de consentement signé. Au Québec, les personnes en étaient un peu plus conscientes (48 %). Cette différence pourrait s’expliquer par la publication d’un guide détaillé rédigé par les autorités québécoises concernant les obligations légales entourant l’utilisation de la biométrie, un sujet sur lequel les autres provinces ne se sont pas encore prononcées.
Considérations
Pour les entreprises désireuses de s’essayer à la biométrie, il y a plusieurs éléments à prendre en compte. Garantir la conformité avec les lois fédérales et provinciales concernant le respect de la vie privée est crucial. Le Commissariat à la protection de la vie privée du Canada a publié un guide pratique à cet effet.
Outre les instructions officielles, il est important de respecter les préférences des consommateurs en matière de partage des données biométriques. Voici les conditions de base à respecter :
- Indiquer aux consommateurs la nature des informations collectées.
- Les informer de l’utilisation qui sera faite de ces données.
- Utiliser les données sous forme agrégée et non sur une base individuelle.
Dans le prochain article de cette série, nous analyserons l’utilisation des technologies biométriques et de surveillance sur le lieu de travail pour déterminer leur impact sur la confiance, la motivation et la productivité au bureau.
Méthodologie de l’enquête :
Pour collecter les données utilisées dans ce rapport, nous avons mené une enquête en ligne en deux parties auprès de 756 consommateurs en février 2022. Les critères de sélection sont les suivants :
L’enquête Digital Monitoring de Capterra a été lancée en avril 2022. Cette enquête en deux parties a été réalisée grâce aux réponses de 756 consommateurs et 752 employés. Pour cet article, nous nous sommes concentrés sur les consommateurs ainsi que sur les 165 participants résidant au Québec. L’échantillon de participants est représentatif de la population canadienne, prenant en compte les groupes démographiques et de genre. Les critères de sélection étaient les suivants :
- Réside au Canada
- Âgé(e) de plus de 18 ans
- A réalisé une activité en ligne au cours des 12 derniers mois
- Sait définir la biométrie en sélectionnant la bonne réponse parmi plusieurs options