De nombreux Canadiens se disent très intéressés par ce qu'une ville intelligente pourrait offrir, que ce soit au niveau des services administratifs, des prestations de santé, de l'énergie ou de la mobilité. Pour savoir quels sont les services les plus demandés et les inquiétudes qui y sont associées, nous avons interrogé plus de 1 000 citadins canadiens, dont 247 citadins québécois.

Étude sur les villes intelligentes au Canada et au Québec et les préoccupations qui y sont associées

Depuis que le gouvernement canadien a lancé le Défi des villes intelligentes en 2017, le battage médiatique autour de ce concept n'a cessé de croître. Au Canada, plus de 225 municipalités ont posé leur candidature pour devenir des villes intelligentes, s'appuyant sur des solutions pour l'Internet des objets afin d'améliorer la planification urbaine, les transports publics, la gestion intelligente des déchets et, de manière générale, la vie des citoyens.

Six ans plus tard, à quoi ressemblent les villes intelligentes au Québec? Quels services proposent-elles et quels services pourraient être ajoutés à l'avenir? 

Pour aider les collectivités locales à définir leur projet, nous avons interrogé plus de 1 000 Canadiens, dont 247 Québécois, résidant dans des villes comptant au moins 100 000 habitants pour savoir ce que les citadins attendent des services d'une ville intelligente et comment ils y participent. Vous trouverez la méthodologie complète de cette enquête au bas de cet article.

Qu'est-ce qui définit une ville intelligente?

Avant d'analyser les services d'une ville intelligente, voyons de quoi il s'agit. 

Qu'est-ce qu'une ville intelligente?
Une ville intelligente est un centre urbain où les réseaux et services traditionnels sont optimisés par les technologies numériques et de télécommunication. Ces dernières facilitent le partage d'informations pour améliorer l'accès aux services municipaux dans divers domaines, de l'énergie à la participation citoyenne en passant par le développement durable.

Moins d'un Québécois sur cinq sait ce qu'est une ville intelligente

Bien que la liste des villes candidates au Défi des villes intelligentes inclue de grandes villes comme Montréal, Québec ou Ottawa, les Québécois ne sont pas tous au fait de ce concept. En effet, seuls 17 % des personnes interrogées résidant au Québec savent ce qu'est une ville intelligente. 19 % déclarent connaître le concept, mais ne pas avoir de nom pour le désigner, tandis que plus d'un quart (26 %) ont déjà entendu l'expression, mais ne savent pas ce qu'elle signifie.

Si la majorité des personnes interrogées au Québec ont une vague connaissance du concept de ville intelligente, plus d'un tiers (38 %) ne le connaissent pas du tout. Ainsi, le Québec est l'une des régions où l’on est le moins susceptible de connaître les villes intelligentes et leurs avantages. Voici la comparaison que nous avons établie entre les provinces :

  • 40 % des habitants des provinces des Prairies n'ont jamais entendu parler du concept ou de l'expression "ville intelligente", 
  • 38 % au Québec, 
  • 38 % en Colombie-Britannique,
  • 34 % dans les provinces du Canada atlantique,
  • 16 % en Ontario.

Au niveau international, la sensibilisation à ce concept s'avère plutôt limitée. Par rapport aux autres pays où cette enquête a été menée (Australie, France, Italie et Royaume-Uni), les Canadiens sont les moins au fait de ce concept.

Sensibilisation aux villes intelligentes au Canada, au Royaume-Uni, en Australie et en Italie
Conseil pour les municipalités

Pour mieux promouvoir vos initiatives en matière de ville intelligente et encourager l'utilisation de vos services, vous devez augmenter vos efforts de communication. Publiez des mises à jour et des informations via les réseaux sociaux, des bulletins d'information par courriel ou sur votre propre site web. N'oubliez pas d'inclure des informations sur le fonctionnement des services, leurs avantages et les incitations éventuelles. 

Vous pouvez également déployer une campagne accompagnée d'une série de messages (programmés et envoyés automatiquement grâce à un logiciel de marketing) pour cibler le plus grand nombre possible de citoyens.

Quels sont les services de ville intelligente au Québec?

La confusion qui règne au Québec autour du concept même des villes intelligentes peut être due à un manque de clarté sur les services qu'implique une ville intelligente. En réalité, tout service offert par la mairie qui s'appuie sur la technologie pour faciliter les démarches des citoyens constitue un service de ville intelligente. On peut par exemple citer l'inscription en ligne pour voter ou la location d'un vélo de ville à l'aide d'une application pour téléphone intelligent.

Dans les villes québécoises, les services de mobilité sont les services de ville intelligente les plus répandus. En effet, 65 % des personnes interrogées affirment que leur ville dispose de services de mobilité intelligente, comme des stations de recharge pour les voitures électriques, des transports publics à zéro émission et des vélos ou motos à louer en libre-service. 

Voici d'autres solutions de ville intelligente actuellement disponibles au Québec :

  • options de paiement numérique (rapportées par 61 % des répondants),
  • enseignement et formation en ligne (44 %),
  • services de sécurité numériques tels que la surveillance vidéo dans les lieux publics (39 %),
  • services énergétiques comme les compteurs d'eau et d'électricité intelligents (31 %).

Malgré la banalisation des services de mobilité, à peine plus d'un tiers des citadins s'en servent

Les services de ville intelligente sont là pour permettre aux citoyens de participer plus facilement aux initiatives gouvernementales. Mais les Québécois en font-ils usage?

Lorsque ces services sont disponibles, ils sont moins utilisés qu'on ne le pense. Les services de mobilité intelligents, par exemple, sont les services publics les plus répandus, près de deux tiers des personnes interrogées disant les avoir à leur disposition. Cependant, à peine plus d'un tiers (36 %) des citadins ayant accès à des services de mobilité les utilisent effectivement pour se déplacer dans la ville. 

Cela ne signifie pas que les citoyens doivent absolument utiliser les services mis à leur disposition. Il va de soi que certains services ne s'appliqueront pas à tout le monde, comme l'enseignement en ligne, qui s'adresse plutôt aux étudiants, ou les services de sécurité, généralement destinés aux fonctionnaires en charge de la protection de la ville.

Disponibilité et utilisation des solutions de villes intelligentes au Québec

Cependant, pour les municipalités qui investissent du temps et de l'argent, constater la faible utilisation de ces services n'est pas idéal. La promotion de ces services devient alors incontournable, afin que l'investissement en vaille la peine et que les citoyens tirent le meilleur parti d'un mode de vie urbain intelligent.

Conseil pour les municipalités
Il est essentiel de faire connaître les nouveaux services municipaux auprès des citoyens pour qu'ils commencent à y faire appel, mais il faut aussi prendre en compte leur niveau d'aisance avec la technologie. Pour s'assurer que les habitants peuvent bénéficier des services mis à leur disposition, il convient de déployer des efforts d'inclusion numérique. Selon 47 % des individus interrogés, le meilleur moyen d'encourager l'utilisation des services de la ville intelligente est d'offrir une formation gratuite portant sur les outils numériques, qui pourrait être déployée à l'aide d'un système de gestion de l'apprentissage.

Plus de la moitié des Québécois interrogés souhaitent que les villes intelligentes améliorent les services de santé

Si les Québécois pouvaient décider eux-mêmes des services mis à disposition par leur ville intelligente, lesquels choisiraient-ils? 

Lorsqu'on leur demande ce qu'ils souhaitent voir être implémenté dans les futures villes intelligentes au Canada, plus de la moitié des répondants (53 %) déclarent que les services de santé devraient être au centre des préoccupations. Dans notre enquête de 2021 sur la télémédecine, la plupart des utilisateurs de la télésanté ont eu des expériences positives et veulent continuer à s'en servir. Ils souhaitent même que ces services se développent davantage.

En raison des nombreuses difficultés rencontrées par le système de santé canadien depuis la pandémie, les Canadiens pensent qu'il faut miser sur les options de soins de santé numériques dans les villes intelligentes. 

Après le secteur de la télésanté, voici les autres priorités pour le développement des villes intelligentes :

  • les transports publics (pour lesquels 41 % des personnes interrogées ont voté),
  • sécurité et protection des citoyens (32 %),
  • logement et urbanisme (29 %),
  • gestion de l'énergie (29 %).

La collecte de données auprès des citoyens pour alimenter ces initiatives s'avère toutefois un exercice délicat. Pour que certains de ces programmes fonctionnent, il faudrait compter sur le partage des données personnelles, financières et médicales. Garantir la sécurité des informations devrait être une priorité pour toutes les villes intelligentes, car 60 % des personnes interrogées qui résident au Québec considèrent que le manque de protection des données est le principal obstacle au développement des villes intelligentes.

Conseil pour les municipalités
Le respect des lois sur la confidentialité des données est de la plus haute importance, non seulement pour les entreprises, mais aussi pour les entités gouvernementales. Ces dernières doivent respecter un certain nombre d'exigences en vertu de la loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques (LPRPDE), ainsi que de certaines politiques en place dans la province dans laquelle vous résidez. Un logiciel de conformité conçu spécialement pour le Canada peut s'avérer utile dans ce cas.

60 % des personnes interrogées pensent qu'il faut limiter le partage des données avec les entreprises privées

Quant aux problèmes de cybersécurité liés au partage des données, la plupart des individus interrogés pensent que des mesures devraient être prises pour limiter le partage des données personnelles avec d'autres entreprises. Le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) a d'ailleurs publié un rapport expliquant les risques que pourraient rencontrer les villes intelligentes.

En ce qui concerne les données sensibles, les citoyens interrogés estiment également que d'autres mesures devraient être prises pour en assurer la protection : 58 % d'entre eux pensent qu'il est nécessaire d'investir davantage dans la cybersécurité, et 56 % estiment que les services de ville intelligente doivent se contenter du minimum au moment de collecter leurs données. Cependant, cela ne signifie pas que les citoyens se méfient de la capacité de leur gouvernement local à protéger leurs données. De fait, les personnes interrogées dans le cadre de notre enquête sont plus disposées à partager leurs données avec les gouvernements locaux qu'avec des entreprises privées. 

Préférences en matière de partage de données dans le cadre des villes intelligentes au Canada

S'il est rassurant de constater que de nombreux Québécois n'hésiteraient pas à confier leurs données personnelles à leur municipalité, le manque de confiance envers les entreprises privées peut s'avérer problématique. Les autorités des villes intelligentes s'associent souvent à des entités privées capables de déployer l'infrastructure technique ou les produits dont les villes intelligentes ont besoin pour offrir des services. 

Notons par exemple la ville de Québec qui s'est associée à la société privée àVélo pour proposer des vélos électriques à la location. Quant à la ville de Montréal, elle s'appuie sur l'application Transit pour permettre aux habitants de consulter des informations en temps réel sur l'état du réseau dans les transports publics.

Pour dissiper les inquiétudes concernant la sécurité des données, les villes intelligentes doivent démontrer l'importance qu'elles accordent à la transparence. Les personnes interrogées sont notamment préoccupées par les cyberattaques ou les violations de données, 69 % d'entre elles disant que cela les inquiète ou les inquiète beaucoup. 64 % d'entre elles éprouvent la même inquiétude quant à la possibilité d'une surveillance non autorisée, et 52 % sont tout aussi inquiètes de voir leurs données vendues à des fins publicitaires. 

Conseil pour les municipalités
Les politiques de collecte de données doivent non seulement respecter les lois concernant la protection de la vie privée, mais aussi être cybersécurisées. Il existe de nombreux types de logiciels de cybersécurité capables de protéger l'infrastructure technique de votre organisation; il suffit de savoir comment trouver le bon logiciel.

La durabilité est l'objectif principal des villes intelligentes 

Pour 31 % des participants résidant au Québec, la durabilité est l'aspect le plus important des services de ville intelligente. En effet, près d'un tiers d'entre eux pensent que les technologies utilisées dans les villes intelligentes devraient contribuer à respecter davantage l'environnement et à réduire les déchets. 

Bon nombre des services mentionnés précédemment peuvent contribuer à cet effort : les services de mobilité partagée encouragent l'utilisation de moyens de transport respectueux de l'environnement, et les services de gouvernance électronique réduisent la nécessité de se déplacer pour réaliser certaines tâches administratives. Ces services participent également au développement de l'accessibilité et de la commodité, deux aspects considérés comme prioritaires pour 26 % et 22 % des personnes interrogées, respectivement. 

En plus de ces objectifs, les municipalités peuvent également tirer d'autres enseignements de ces résultats.

  • Assurez-vous que les citoyens sont prêts à adopter les services numériques de votre ville en les tenant au courant par le biais de campagnes de marketing informatives mettant en lumière les efforts déployés par votre ville.
  • Mettre en place des services intelligents est une chose, mais faire en sorte que les citoyens s'en servent en est une autre. Incitez-les à utiliser les services intelligents en encourageant l'inclusion numérique par le biais de plateformes d'éducation et de communication.
  • Les Québécois pensent que les villes intelligentes devraient se concentrer sur les secteurs en crise, comme la santé publique et le logement, mais cela pourrait nécessiter la collecte de données personnelles, financières ou médicales. Assurez-vous de respecter les lois en vigueur sur la protection de la vie privée et de sécuriser les réseaux à l'aide d'un logiciel de cybersécurité capable de protéger votre architecture technologique. 

Gardez ces objectifs à l'esprit et vous saurez satisfaire les citadins les plus exigeants en matière de services intelligents.

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Méthodologie de l'enquête :

Pour collecter les données présentées dans cet article, Capterra a mené l'enquête sur les villes intelligentes "Smart Cities Survey" en ligne au cours du mois d'août 2023 dans les pays suivants : au Canada (1 046 participants, dont 247 résidents du Québec), en Australie (1 022 participants), au Royaume-Uni (1 058 participants), en Italie (1 006 participants) et en France (1 004 participants). Pour être éligibles, les 5 136 candidats devaient répondre aux critères suivants :

  • Réside au Canada, en France, en Allemagne, en Australie ou au Royaume-Uni
  • Âgé(e) de plus de 18 ans
  • Réside dans une ville de taille moyenne ou supérieure, avec une population de plus de 100 000 habitants