Alors que 82 % des chercheurs d’emploi canadiens ayant recours à l’IA indiquent utiliser cette technologie pour embellir leurs candidatures, signaler et éliminer de leur sélection les candidats qui exagèrent leurs compétences à l'aide de l'IA est un nouveau défi  pour les recruteurs.

Recommandations pour identifier les candidatures de postulants embellies à l’aide de l’IA

L’exagération de compétences sur un CV par les candidats n’est pas un élément nouveau pour les recruteurs. Toutefois, l’émergence de nouvelles pratiques, telles que l’usage de intelligence artificielle (IA) par les candidats, peut complexifier l’identification des postulants les plus qualifiés.

Menée auprès de 250 chercheurs d'emploi canadiens, l'enquête de Capterra "Job Seeker AI Survey" révèle que près de la moitié d'entre eux (48 %) se font aider de l'IA. Et parmi ces derniers, 82 % déclarent l'avoir déjà utilisée pour embellir leurs compétences dans un CV, une lettre de motivation, une demande d'emploi ou une évaluation des compétences.

Pour les recruteurs, les gestionnaires des ressources humaines ou les propriétaires de petites entreprises qui veulent évaluer et embaucher rapidement le meilleur candidat, les demandeurs d'emploi qui font appel à l'IA pour pallier un manque de compétences représentent un nouveau défi. Cependant, les entreprises disposent de solutions. Avec l'aide d'un bon logiciel de recrutement et d’ajustements dans le processus d'embauche, il est possible de limiter l'impact négatif d’un usage peu éthique de l’IA, signaler tout contenu trompeur et éliminer les candidats peu scrupuleux de votre sélection.

Les points clés de l’étude
  • Selon les demandeurs d'emploi qui utilisent l'IA dans leur recherche d'emploi, cette technologie leur permet d’apparaître comme un meilleur candidat (24 %) et rester compétitif par rapport aux autres demandeurs d'emploi qui utilisent l'IA (22 %).
  • Les demandeurs d'emploi qui utilisent l'IA envoient deux fois plus de candidatures et ont 79 % plus de chances de recevoir une offre que ceux qui n'utilisent pas l'IA.
  • Vingt-sept pour cent (27 %) des chercheurs d'emploi ont utilisé l'IA pour postuler en masse, 25 % pour savoir comment répondre aux questions d'entretien d'embauche et 24 % ont utilisé l'IA pour effectuer un test ou une évaluation des compétences.

L’intelligence artificielle contribuent à la réussite des Canadiens qui l’utilisent pour décrocher un emploi

Pendant que les recruteurs évaluent comment l'IA peut les aider (Gartner affirme que le recrutement présente les cas d'utilisation les plus récents de l'IA générative dans les ressources humaines [1]), les demandeurs d'emploi découvrent eux aussi toutes les façons dont l'IA peut leur être utile.

Saisissez "outils d'intelligence artificielle pour les demandeurs d'emploi" dans un moteur de recherche et vous tomberez sur un marché émergent de logiciels conçus pour aider les demandeurs d'emploi à différents stades du processus de recrutement :

  • Les robots d'IA générative peuvent créer ou améliorer des CV, des lettres de motivation et tout autre document écrit par des demandeurs d'emploi pour leur donner une apparence plus professionnelle.
  • Les outils de recherche d'emploi pilotés par l'IA peuvent apprendre les types d'emplois qui intéressent le plus l'utilisateur et postuler ces emplois en son nom.
  • Les outils de téléprompteur d'IA peuvent écouter les entretiens d'embauche par téléphone ou par vidéo afin de fournir des suggestions de réponses en temps réel.

Au total, 48 % des demandeurs d'emploi canadiens que nous avons interrogés dans le cadre de notre enquête disent utiliser des outils de ce type dans leur recherche d'emploi actuelle, et 26 % prévoient d’y avoir recours. Parmi ceux qui utilisent l'IA, 56 % indiquent que cette technologie est très, voire extrêmement importante pour leur recherche d'emploi actuelle.

Qu'est-ce qui suscite cet intérêt pour l'IA? L'une des raisons d'un tel engouement est de garder une longueur d'avance sur la concurrence. En effet, 85 % des participants interrogés pensent qu'il est probable que les chercheurs d'emplois postulant pour une offre similaire utilisent l'IA pour embellir ou exagérer leurs candidatures. Il est donc logique que les demandeurs d'emploi veuillent adopter l'IA pour ne pas se laisser distancer.

De plus, les demandeurs d'emploi qui utilisent l'IA obtiennent une meilleure réussite. Lorsqu'on leur demande quel est, selon eux, le principal avantage de l'utilisation de l'IA dans ce contexte, la réponse la plus citée est d'apparaître comme un meilleur candidat.

Avantages principaux de l’usage de l’IA pour les chercheurs d’emploi canadiens

Les indications de notre étude confirment que le fait d'apparaître comme un meilleur candidat s’avère une stratégie gagnante : la comparaison des utilisateurs de l'IA et les non-utilisateurs confirme cette tendance. En moyenne, ceux qui ont utilisé l'IA ont envoyé plus du double de demandes d'emploi au cours de leur recherche actuelle (172 candidatures contre 80), et ils ont également 79 % plus de chances de recevoir une offre d'emploi que ceux qui n'utilisent pas l'IA.

Les demandeurs d'emploi utilisent l'IA pour affiner leur CV et exagérer leurs compétences

Pour les employeurs qui veulent identifier le meilleur candidat pour le poste, l'utilisation de l'IA représente une problématique complexe. Non seulement il n’est pas aisé de détecter du contenu créé à l'aide de l'IA, mais certaines de ses applications ne sont même pas forcément préjudiciables au processus d'évaluation des candidats.

Par exemple, les chercheurs d'emploi ont été 36 % et 37 % à utiliser l'IA pour rédiger ou améliorer leur lettre de motivation et leur CV respectivement, et 33 % s'en servent pour trouver des offres d'emploi pertinentes. Dans de nombreuses entreprises, si le candidat est sincère quant à ses qualifications, cette utilisation est tolérée et même parfois encouragée, car cela démontre le niveau de familiarité avec les outils d'IA. 

Raisons d’usages principales de l’IA selon les chercheurs d’emploi canadiens

D'autre part, certaines utilisations de l'IA peuvent s’avérer moins éthiques et révèlent une volonté réelle de tromper l'employeur sur les compétences réelles du candidat.

  • 27 % ont utilisé l'IA pour postuler en masse à des offres d'emploi, quelles qu'elles soient, engorgeant ainsi les filières de recrutement avec des candidatures non sérieuses.
  • 25 % ont utilisé l'IA pour obtenir des réponses à des questions d'entretien, peut-être pour dissimuler un manque de compétences ou de connaissances.
  • 24 % ont utilisé l'IA pour réaliser un test ou une évaluation des compétences, là encore dans le but de dissimuler leurs lacunes.

Les entreprises ont déjà du mal à identifier le meilleur candidat, mais plus d'un responsable de recrutement sur quatre au Canada a déclaré avoir commis une erreur de recrutement l'année passée dans une enquête récente. [2] Si les entreprises ne s'attaquent pas rapidement au problème de l’exagération des compétences par l'IA, les mauvais choix à l'embauche sont susceptibles de leur coûter de plus en plus cher.

Comment éviter d'embaucher des candidats qui utilisent l'IA à des fins peu scrupuleuses

Il faut commencer par définir quelles utilisations de l'IA sont acceptables pour votre entreprise et lesquelles doivent être signalées comme des pratiques peu éthiques. Vos critères devraient inclure les types de postes pour lesquels vous recrutez, les sources d'informations sur les candidats dans votre processus de recrutement et le niveau de risque acceptable si vous embauchez quelqu'un qui s'avère avoir utilisé cette technologie pour embellir ses compétences.

Une fois que ces critères sont définis, pensez à implémenter les suggestions suivantes pour limiter les risques.

1. Précisez quelles utilisations de l'IA sont inacceptables

Parmi les demandeurs d'emploi interrogés qui n'utilisent pas l'IA, un sur quatre s'inquiète du fait que son utilisation pourrait être perçue comme une tentative de triche ou de tromperie par l'employeur. Sur votre page ou votre site de candidatures, indiquez clairement que le fait de mentir sur les compétences ou les qualifications à l'aide de l'IA entraînera l'exclusion du candidat. Cette précaution ne découragera peut-être pas l’ensemble des candidats tentés par ces pratiques, mais en fera hésiter certains.

2. Utilisez des outils de détection de l'IA

Si les demandeurs d'emploi saturent votre boîte de réception de candidatures et de CV créés par l'IA, vous perdrez trop de temps à les examiner une par une et cela aura un impact négatif sur votre date d'embauche. Heureusement, l'IA peut vous venir en aide pour évaluer plus rapidement les candidatures.

Selon Gartner, 80 % des éditeurs de logiciels de recrutement auront intégré des capacités d'IA dans leurs systèmes d'ici 2027. [3] Si votre système de suivi des candidatures ("Applicant Tracking System" ou ATS en anglais) n'est pas encore doté de fonctionnalités d'IA, il le sera sûrement bientôt. Vous aurez ainsi possibilité de filtrer automatiquement les candidatures en fonction des compétences et de l'expérience pertinentes et de les placer en haut de la liste des candidatures intéressantes. Pensez à mettre à l'épreuve cette fonctionnalité avant de vous lancer avec de vraies candidatures.

3. Privilégiez les entretiens vidéo ou en présentiel

Les demandeurs d'emploi seront plus enclins à utiliser les outils de téléprompteur de l'IA pour se faire aider lors d’un entretien téléphonique. Afin de limiter des pratiques problématiques, optez pour des entretiens vidéo ou en personne.

4. Tirez parti d'un logiciel anti-plagiat

Souvent utilisés dans le cadre universitaire, les logiciels de plagiarisme s'avèrent cependant très utiles pour les recruteurs. En effet, plusieurs outils disposent de fonctions de détection du contenu créé par intelligence artificielle. 

Copiez-collez ou téléchargez le texte d'un CV, d'une lettre de motivation ou d'un exercice de recrutement pour savoir si le contenu a été créé à l'aide de l'IA ou non. N'oubliez pas de faire des tests sur d'autres contenus pour en déterminer l'exactitude.

5. Comptez davantage sur les références

Si un candidat affirme qu'il a accumulé une certaine expérience ou a développé une compétence spécifique, le meilleur moyen de s'en assurer est de contacter ses références. Le simple fait de consulter ses anciens responsables ou collègues peut vous fournir les preuves dont vous avez besoin.

6. Consacrez du temps à la sélection et à l'évaluation des candidats

Notre enquête menée récemment auprès des cadres intermédiaires canadiens révèle qu'ils ne consacrent en moyenne que 3 % de leur semaine aux tâches de recrutement et d'embauche.** Moins les responsables du recrutement consacrent de temps au recrutement, plus ils seront tentés de se baser sur des contenus faciles à inventer de toutes pièces, tels que les CV et les lettres de motivation, pour faire leur choix. C'est en faisant évoluer la culture du recrutement et en convainquant les responsables d'en faire une priorité qu'il leur sera plus facile de détecter les candidats trompeurs.

Ne vous laissez pas surprendre par l'IA

De plus en plus de chercheurs d'emploi veulent appliquer les avantages de l'IA dans leurs démarches. Pour agir rapidement, définir ce qui est acceptable dans ce contexte se révèle comme une priorité pour les entreprises. En associant les bons outils de détection de l'IA à des processus de recrutement et un changement de culture d'entreprise, les recruteurs pourront plus facilement identifier les candidats réellement talentueux.

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Méthodologie

*L'enquête de Capterra "Job Seeker AI Survey" a été réalisée en ligne en juillet 2024 auprès de 2 997 répondants situés aux États-Unis (n : 250), au Canada (n : 250), en Inde (n : 250), au Brésil (n : 250), au Mexique (n : 250), au Royaume-Uni (n : 250), en France (n : 247), en Italie (n : 250), en Allemagne (n : 250), en Espagne (n : 250), en Australie (n : 250), et au Japon (n : 250). L'objectif de cette enquête était de comprendre les facteurs des processus de recrutement pilotés par l'IA et la prévalence de ces outils auprès des demandeurs d'emploi. Pour être sélectionnées, les personnes interrogées devaient être en recherche active d'un emploi. 

**L'enquête de Capterra sur le sentiment des managers en 2024 ("Manager Sentiment Survey") a été réalisée en ligne en janvier 2024 auprès de 156 répondants résidant au Canada afin d'en savoir plus sur les expériences et les défis auxquels les cadres intermédiaires sont confrontés. Pour être sélectionnés, les participants à l'enquête devaient occuper un poste de cadre avec au moins un subordonné direct.

Sources

1. Innovation Insight: Generative AI in HR ("Informations innovation : l'intelligence artificielle générative dans les ressources humaines"), étude de Gartner publiée en anglais et disponible dans son intégralité pour les clients de Gartner

2. Why are 1 in 4 hiring managers hiring the wrong people? ("Pourquoi 1 manager sur 4 recrute-t-il les mauvaises personnes"), article en anglais publié par le Canadian HR Reporter

3. Market Guide for Talent Acquisition (Recruiting) Technologies ("Guide du marché des technologies de recrutement"), guide de Gartner publié en anglais et disponible dans son intégralité pour les clients de Gartner