Assurer la continuité des affaires dans un contexte inédit peut générer beaucoup de tension. Pour aider les entrepreneurs canadiens à anticiper des interruptions imprévisibles d'activité, nous avons interrogé plus de 500 dirigeants de petites et moyennes entreprises au sujet de leur expérience et leur approche vis-à-vis de la pénurie de main-d'œuvre, des problèmes d'approvisionnement et des failles de cybersécurité.

Ce dont nous allons parler
À la suite de la pandémie de COVID-19, de nombreux dirigeants cherchent à anticiper les crises afin d'éviter de nouvelles interruptions de leur activité. Néanmoins, malgré la mise en place de mesures de gestion des risques, il reste des problèmes complexes à gérer comme la pénurie nationale de main-d'œuvre, les ruptures de chaîne logistique, et la vulnérabilité des données numériques. Ces défis requièrent d'implémenter des solutions créatives, et ce, à plusieurs niveaux.
Les conseils professionnels des PME confrontées à ce genre de défis peuvent aider d'autres entreprises à y faire face. Dans ce but, nous avons interrogé 514 dirigeants de PME au Canada sur leur expérience relative aux interruptions d'activité. Vous trouverez la méthodologie complète au bas de cet article.
Les perturbations de la chaîne logistique dans les entreprises de vente
Les fabricants ont connu des baisses historiques et des pics de ventes au cours des dernières années, démontrant ainsi la volatilité de la chaîne d'approvisionnement. De nombreuses entreprises de vente au détail ont pu constater par elles-mêmes les conséquences de ces variations : plus de trois quarts d'entre elles (76 %) ont connu des interruptions de la chaîne logistique au cours de l'année écoulée.

Plus de la moitié des dirigeants interrogés ayant rencontré des problèmes (61 %) déclarent que les perturbations liées à l'approvisionnement ont été modérées, alors que 17 % affirment que leur entreprise a été fortement affectée. Lorsqu'on leur demande quelle en a été la cause, beaucoup mentionnent l'instabilité des chaînes logistiques. Voici les raisons invoquées :
- Limites de commandes imposées par les fournisseurs (41 %)
- Délais d'exécution ou de livraison incertains (36 % et 34 %)
- Le fait de ne compter que sur un seul fournisseur (37 %)
Malheureusement, des événements tels que des catastrophes naturelles, une pénurie de main-d'œuvre, des restrictions liées aux pandémies et des grèves peuvent surgir à tout moment et perturber la chaîne logistique sans préavis. Pour en limiter les conséquences, prenez en compte les effets les plus courants de ces perturbations et créez un plan de continuité d'activité.

Comment compenser l'impact des interruptions de la chaîne logistique
Alors que la numérisation de certaines opérations de la chaîne logistique comme le contrôle des inventaires et la gestion des stocks aident les entreprises à gérer les risques, des problèmes peuvent toujours survenir. Pour faire face aux conséquences de ces incidents et les éviter à l'avenir, vous pouvez prendre un ensemble de mesures relatives à la quantité, à la tarification et à la commande de vos produits.
La première d'entre elles consiste à ajuster l'offre en fonction de la disponibilité du produit pour éviter les commandes non honorées et les clients mécontents (39 % des répondants).
Voici d'autres mesures prises par les PME pour pallier les perturbations de la chaîne logistique :
- 34 % achètent d’ores et déjà des produits pour disposer d'un inventaire suffisant
- 33 % ont commandé de plus grandes quantités de produits en avance
- 32 % se sont adressés à des fournisseurs locaux
- 22 % ont allongé leurs délais de livraison
Lorsque l'on dispose d'un niveau d'inventaire réduit, une autre option est d'augmenter les prix au détail pour recouper les pertes. La majorité des dirigeants interrogés (78 %) ont déjà augmenté ou prévoient d'augmenter les prix de détail pour compenser la hausse des coûts de la chaîne logistique.
La pénurie de main-d'œuvre au Canada
Le recrutement et le maintien en poste des employés représentent des obstacles prévisibles pour de nombreuses entreprises canadiennes tandis que la pénurie nationale de main-d'œuvre se poursuit. Parmi les chefs d'entreprise interrogés, plus d'un tiers (38 %) a déclaré que ces problèmes avaient eu un impact sur leur activité.
Les difficultés de recrutement se font ressentir pour un grand nombre de postes. Un tiers des responsables cherchant à recruter (35 %) peinent à trouver des employés pour le service client, et un quart (25 %) à trouver des commerciaux. Nombre d'entre eux ont également du mal à embaucher pour d'autres services, comme la gestion de la relation clients (18 %), l'informatique (17 %) et la direction générale (13 %).
De nombreuses PME ont dû faire face à ces difficultés quels que soient les domaines concernés par les problèmes de recrutement. Ces entreprises déclarent avoir subi des répercussions comme l'augmentation de la charge de travail des employés, la baisse du chiffre d'affaires et des changement radicaux du plan de développement.

La pénurie de main-d'œuvre entraîne généralement des répercussions sur le moral des employés, la stratégie de l'entreprise et la rentabilité globale. Les dirigeants d'entreprise qui prévoient des difficultés de recrutement peuvent avoir recours à des solutions créatives pour les éviter (article en anglais). Voici quelques mesures prises pour lutter contre les problèmes de recrutement auxquels sont confrontées les PME :
- 50 % ont augmenté les salaires proposés pour les postes recherchés
- 35 % ont envisagé de recruter des candidats selon des critères différents
- 32 % ont proposé plus d'avantages sociaux aux candidats
- 30 % ont publié leurs offres d'emploi selon de nouvelles méthodes/plateformes
- 26 % ont fait appel à des agences de recrutement
Dans le contexte actuel d'inflation économique et de récession annoncée (article en anglais), les solutions non monétaires pour attirer les employés lors de pénuries de main-d'œuvre restent les meilleures pour éviter de modifier les indicateurs de rendement clé (IRC). Si les solutions prêtes à l'emploi n'attirent toujours pas les profils recherchés, des logiciels de ressources humaines peuvent compléter ou rationaliser les tâches liées à certaines opérations.
Les problèmes liés à la cybersécurité
Avec la préoccupation croissante en matière de divulgation de données en ligne (article en anglais) et la menace omniprésente de rançongiciels et autres programmes malveillants, les PME doivent être vigilantes en ce qui concerne la vulnérabilité informatique. La majorité des personnes interrogées (69 %) estiment avoir repéré au moins une faille de sécurité dans leur entreprise, mais près d'un tiers (31 %) pensent n'en avoir aucune.
Parmi les mesures de protection des données adoptées par les PME, les plus courantes sont les logiciels de cybersécurité suivants :
- Antivirus (cité par 67 % des répondants)
- Pare-feu (56 %)
- Sauvegarde des données (51 %)
- Gestionnaire de sécurité des courriels (43 %)
À quelles principales cybermenaces les entreprises canadiennes ont-elles été confrontées en 2022? Plus d'un tiers des entreprises interrogées (36 %) ont connu des incidents liés aux courriels (hameçonnage), 12 % ont vu un compte en ligne piraté et 8 % ont subi une attaque de rançongiciel au cours des 12 derniers mois.
À retenir pour assurer la continuité des affaires
Malgré l'investissement initial nécessaire à la planification de la continuité des affaires, trouver comment prévoir et limiter les risques commerciaux peut aider les petites et moyennes entreprises à rester sur la bonne voie pour atteindre leur objectif. Les interruptions d'activité imprévues ne sont pas seulement une menace pour les opérations en cours d'une organisation, mais également pour ses futurs projets. Près d'un dirigeant de PME sur cinq (19 %) pense que son entreprise n'investit actuellement pas assez dans la croissance et le développement de son activité.
Quand on se penche sur la gestion des risques, il convient de prendre en compte les risques spécifiques à l'économie locale. Voici les conclusions de notre enquête qui reprennent les interruptions d'activité les plus courantes signalées par les chefs d'entreprise au Canada :
- À la suite de perturbations de la chaîne logistique, environ un tiers des personnes interrogées ont réagi en augmentant leurs stocks et en s'adressant à des fournisseurs locaux.
- Face à la pénurie de main-d'œuvre, la moitié de ceux qui avaient du mal à embaucher ont augmenté les salaires proposés, alors qu'environ un tiers a proposé plus d'avantages sociaux et se sont tournés vers des profils différents de leurs critères habituels.
- En ce qui concerne la cybersécurité, les incidents les plus fréquents sont les courriels d'hameçonnage dus à l'imprudence des employés, qui est le risque le plus souvent évoqué. La plupart des entreprises interrogées ont mis en place des logiciels antivirus, et plus de la moitié ont installé des pare-feux et des outils de sauvegarde des données.
Méthodologie de l'enquête :
L'enquête Business Disruptions Survey de Capterra a été lancée en ligne en août et en septembre 2022. 514 employés ont été retenus pour répondre à cette enquête visant les cadres dirigeants. Voici les critères de sélection :
- Âge compris entre 18 et 65 ans
- Travaille à temps partiel, à plein temps, ou a sa propre entreprise
- Travaille dans une entreprise composée de 2 à 250 employés
- Ancienneté de dirigeant ou de chef d'entreprise
- Capable d'identifier le principal modèle économique de l'entreprise
- Travaille dans une entreprise qui commercialise des produits, des services ou les deux